Le commun des mortels

Spectacle de et avec

l’écrivaine Olivia Rosenthal

Mise en scène

Keti Irubetagoyena

 

Jeudi 3 octobre

à 19 h

Gratuit sur inscription

 

En partenariat avec

En 2019, Keti Irubetagoyena propose à la romancière Olivia Rosenthal de travailler à quatre mains autour d’un verbe du quotidien, « manger ». Très vite, la décision est prise de traiter ce thème sous un angle un peu particulier : considérer non pas l’ingestion de nourriture mais son éjection. S’intéresser au négligé et au tabou, à ce qui est méprisé ou jugé ignoble : la défécation, et étudier celle-ci dans son extraordinaire banalité, comme ce qui constitue chacun·e en tant que corps vivant.
Trois années de recherche plus tard et des heures d’entretiens dans les poches, les deux artistes se retrouvent sur scène pour inviter le public à réfléchir avec elles à ce que représente ce geste-même de « se retrouver face à face à extrapoler sur nos excréments ». 

Le 3 octobre à 19h, elles en proposent une représentation à la Villa Valmont.


A mi-chemin entre le séminaire de littérature, la master-class « bien-être » et le duo de clowns, Le Commun des mortels interroge le rapport complexe que notre société entretient à son corps – corps individuel bien sûr, corps collectif surtout. 

Extrait : « Quand Keti m’a demandé de travailler sur la merde, j’avoue que je n’étais pas chaude. Je me suis demandé pourquoi elle m’avait choisie, moi, j’ai même été un peu vexée. Je lui ai expliqué que malheureusement c’était un sujet que je ne connaissais pas. Pas bien, je veux dire. Je sais que ça peut paraître bizarre. Parce que le sujet, caca, tout le monde le connaît. Et même le connait très bien. Et même ça n’est pas un sujet. C’est d’ailleurs ça le problème. Personne ne parle de caca. C’est vrai, ça. »

Olivia Rosenthal

Olivia Rosenthal est née à Paris en 1965. Elle enseigne la littérature et la création littéraire à l’Université Paris 8-Vincennes-Saint-Denis. Depuis Dans le temps (dont le titre reprenait les derniers mots de la Recherche de Proust) en 1999 elle a publié une dizaine de romans, pour la plupart aux éditions Verticales.

Sa voix est très singulière dans la littérature contemporaine, notamment parce qu’elle aime, à la manière des écrivains classiques, importer dans la fiction de la pensée, de la philosophie, de la science. Fantaisie et tragédie, observation méticuleuse du réel et métaphysique, comique et émotion, registre du conte ou de la série télévisuelle se mêlent dans ses textes, dont les sujets sont extrêmement divers, mais qui tous ont en commun d’explorer la nature humaine jusque dans sa part d’animalité. Pour cela, elle porte un intérêt tout particulier à la langue, et à l’articulation de ses propres obsessions avec l’inquiétante familiarité de la parole des autres.

De Puisque nous sommes encore vivants (2000) à Mécanismes de survie en milieu hostile (2014) en passant par On n’est pas là pour disparaître (2007), ses romans nous parlent de nos peurs et de nos angoisses (la mort, l’enfermement, la perte de la mémoire, etc.) en tentant de leur inventer des antidotes (le jeu, la création, l’enfance) pour nous apprendre à survivre sans renoncer à vivre.

Depuis 2005 elle écrit aussi pour le théâtre et réalise régulièrement des performances, en collaboration avec des cinéastes, metteurs en scène et chorégraphes.

© Catherine Tambrun