Pamela Pantoja

© Gaël Marsaud

En résidence du 4 au 20 mars et du 1er au 15 octobre 2024

Lauréate de l’appel à candidatures « Écriture du spectacle vivant 2024 » de la Villa Valmont, Pamela Pantoja est chilienne et habite actuellement à Marseille, France. Elle est artiste scénique multidisciplinaire, spécialiste en différentes techniques de cirque aérien. Elle est fondatrice de la Compagnie Lez’Art Chimist, du collectif Merkén et elle fait partie de plusieurs compagnies internationales qui s’intéressent au travail physique du comédien.

Pendant sa résidence à la Villa Valmont, Pamela Pantoja travaillera à l’écriture de son prochain spectacle intitulé Run Run, pièce de cirque-théâtre-marionnette co-écrit avec Margot Lacaze qui sera à ses côtés en résidence. Autrice dramatique, Margot Lacaze s’est formée à la dramaturgie et à l’écriture à l’Université d’Aix-Marseille puis à l’ENSATT, écrivaine de plusieurs pièces depuis 2017 Octopus Mafia (2017), Désert (2020), Sauter les grillages (2023), etc.). Margot a rejoint le Collectif Merkén en 2020 et a accompagné Pamela Pantoja sur l’écriture et la dramaturgie de Je tirerais pour toi.

“Quand j’avais 9 ans, mon père a fui le Chili. On était au milieu d’un repas de famille. C’était l’anniversaire de mon cousin, mon père est parti chercher le dessert. Il est revenu 10 ans plus tard. A partir de ce jour-là, le manque est devenu un monstre qui a pris toute la place dans mon imaginaire d’enfant. L’attente de mon père a envahi mon quotidien. Puis j’ai grandi et ça a été à mon tour de partir. En 2009, j’ai quitté le Chili, ma famille, ma ville, mon travail, mes amies. Le manque est alors devenu mon continent, le paysage devant lequel j’ai commencé à tout reconstruire.

Le personnage de Run Run est une figure qui s’inspire de mon père et du manque créé par son absence. Mais Run Run est également un double de moi-même puisque j’ai quitté mon pays. L’éloignement du Chili est un thème récurrent dans mon travail artistique. La discipline de la suspension capillaire que je pratique est la particularité de Run Run qui, suspendu comme une sorte de marionnette humaine, est toujours en mouvement et en quête de cette chose qu’il n’obtient jamais. Sur la scène, Run Run apparaît aussi en tant que marionnette manipulée par une petite fille. Elle lui raconte ses rêves, ses peurs, ses doutes. Elle lui demande conseil. Il y a le personnage de la voisine – marionnette portée – qui communique avec la petite fille mais aussi avec son poste radio. La voisine nous permet d’avoir accès à des informations sur le monde extérieur et situe la narration entre 1986 et 2001. Elle chante et écoute des boléros, des radio-théâtres et les infos. Pour le spectacle, des archives radiophoniques tirées des années 90 sont mobilisées et commentées par les personnages. La pièce laisse entrevoir les paradoxes de la transition démocratique chilienne durant laquelle le dictateur Pinochet est resté au pouvoir, toujours présent dans l’espace public et médiatique en tant que commandant en chef de forces armées puis sénateur à vie. Malgré ses crimes, Pinochet n’a jamais été jugé ni condamné.”

Pamela Pantoja