Laetitia Ajanohun
© François Loupien
En résidence du 25 mars au 29 avril 2024
Laetitia est née à Liège d’une mère belge et d’un père belge d’origine béninoise. Diplômée de l’Institut des Arts de Diffusion en Belgique. Formée en tant que comédienne, très vite, l’envie, l’urgence d’écrire et de mettre en scène se sont manifestées en elle, tout comme le désir d’arpenter des ailleurs.
Elle se met alors à élaborer des projets et à jouer dans des créations à Bruxelles, mais aussi dans plusieurs villes européennes et d’Afrique francophone. Elle collabore notamment depuis quinze ans avec le Tarmac des Auteurs de Kinshasa. Elle est co-fondatrice de la Compagnie du Risque avec la comédienne Hélène Capelle.
Entre 2012 et 2022, elle travaille régulièrement au sein de la compagnie française Les Bruits de la Rue dirigée par Dieudonné Niangouna en tant que comédienne, ou collaboratrice artistique (Shéda, Nkenguégi, Le Kung-fu, Trust/Shakespeare/ Alléluia). Elle a écrit une vingtaine de textes de théâtre dont une partie est éditée.
Projet d’écriture
Dans le cadre de sa résidence, Laetitia Ajanohun travaillera à l’écriture de son premier roman. ZANWONNANKOU La Nuit a oublié de tomber est une fiction où l’une de celle que l’autrice aurait pu rencontrer parle de celle qu’elle aurait pu être.
Ifé revisite l’été 1997 à Cotonou, sa rencontre avec Madeleine, une blanche qui n’en est pas tout à fait une. Madeleine a débarqué tel le ressac de l’Atlantique avec toute sa famille dans le pays de son père. Une érosion des digues. Une première fois décortiquée à hauteur de leurs 15 ans.
« Dans les années 90, il m’a suffi d’un vol Bruxelles-Cotonou, pour accorder mon imaginaire. Enfant, le pays inconnu du père est la levure de toutes mes fictions, l’inouï qui permet de donner du muscle à cette peau qui tâche dans l’univers wallon.
Mon père m’avait raconté des récits disparates que je reprenais inlassablement dans les cours de récréation pour me donner de l’aplomb : L’arrière-grand-mère sorcière qui circulait de ville en ville grâce à la pensée, les siestes infinies du patriarche qui exigeaient le silence des enfants des heures durant, les prénoms insolites de mes 22 oncles et tantes que je tentais d’apprendre par cœur, les mangues que l’on arrache et qu’on dévore au pied de l’arbre, la lignée chaotique faite de la reine-amazone Tassi Hangbe, d’esclavagistes et de communistes, les cultes animistes et les dimanches à l’église. Mais évidemment ces histoires-là ne servaient qu’à bercer l’enfant que j’étais. Il y en avait d’autres, irracontables ?
Je me souviens d’un atterrissage sur le tarmac béninois à la nuit tombée, d’une odeur à jamais imprimée caramel mélange de terre chauffée, d’iode océanique et de lampe à pétrole, des regards insistants qui rendaient ma carnation et mes manières si pâles. D’un seul coup je me retrouvais du côté de ma mère, blanche occidentale, Yovo, d’ailleurs.
ZANWONNANKOU La Nuit a oublié de tomber est une fiction où l’une de celle que
j’aurais pu rencontrer parle de l’une de celle que j’aurais pu être. »
Laetitia Ajanohun
Pendant sa résidence, Laetitia rencontrera les étudiants de FLE à l’Université de Bordeaux. L’enjeu est d’aborder le travail de l’écriture, la genèse d’un livre et la littérature de manière plus générale différemment qu’au sein de cours à l’université.
Love is in the Hair, une commande de la cie For happy people & co, 2019
On m’a donné du citron, j’en ai fait de limonade (au Festival les Francophoniriques du Théâtre des Doms à Avignon, au Festival Massilia Afrapéa à Marseille), 2018
De l’autre Côté (co écrit avec Olivier Favier), 2017
Alenda (créé au Festival ça se passe à Kin), 2017
Le Décapsuleur (édité aux éditions Passage(s) et lu au Festival Avignon), 2017
Les mots sont manouches (édité aux éditions Lansman dans la scène aux ados), 2017
La Noyée (édité aux éditions L’Harmattan), 2017
L (créé au Tarmac des auteurs, joué au Centre Wallonie Bruxelles de Kinshasa), 2017